Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/7

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Ce petit livre enseignait comment l’homme doit combattre les enchantements. Divers signes, indiquaient où ce sujet était traité. Enfin elle lui fit encore un don qui surpassait tous ceux qui furent jamais faits ; c’était un cor dont le son terrible faisait fuir tous ceux qui l’entendaient.

Je dis que le son de ce cor était si terrible, que, partout où il s’entendait, il faisait fuir les gens. On n’aurait pu trouver dans l’univers un homme au cœur assez fort, pour s’empêcher de fuir aussitôt qu’il l’aurait entendu. La rumeur produite par le vent ou les tremblements de terre, le tonnerre lui-même, ne sont rien en comparaison. Le brave chevalier anglais prit congé de la Fée, après lui avoir adressé de chaleureux remercîments.

Laissant le port et ses ondes tranquilles, le duc, poussé par une brise heureuse qui souffle à la poupe, navigue à travers les riches et populeuses cités de l’Inde embaumée. Il découvre, à droite et à gauche, des milliers d’îles éparses, et s’avance jusqu’à ce qu’il aperçoive la terre de Thomas. Là, le pilote tourne plus au nord.

Rasant presque la Chersonèse d’Or, la flotte imposante entre dans le grand Océan, et, côtoyant de riches rivages, voit le Gange verser dans la mer ses eaux blanches d’écume. Puis, on aperçoit la Taprobane, Coromandel, et la mer qui s’étrangle entre deux rives. Après avoir navigué longtemps, on arrive à Cochin, et là on sort des parages de l’Inde.

Tout en parcourant la mer avec une escorte