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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/8

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aussi dévouée et aussi sûre, le duc veut savoir et demande à Andronique si, des contrées où le soleil se couche, aucun vaisseau, marchant à la rame ou à la voile, est jamais apparu dans les mers d’Orient, et si on peut aller, sans toucher terre, des rivages de l’Inde à ceux de France ou d’Angleterre.

« Tu dois savoir — répondit Andronique — que la mer entoure la terre de tous côtés, et que ses ondes, poussées l’une par l’autre, s’étendent sans discontinuité des climats où la mer est bouillante jusqu’à ceux où elle se glace. Mais parce que la terre d’Éthiopie s’avance considérablement au midi, on a prétendu que Neptune ne permettait pas d’aller plus avant.

« C’est pour ce motif qu’aucun vaisseau ne part de notre rivage oriental de l’Inde pour aller en Europe, et que pas un navigateur européen n’ose à son tour appareiller pour se rendre dans nos parages. Les uns et les autres, plutôt que de doubler ce cap, retournent sur leurs pas, et voyant qu’il s’étend si loin, s’imaginent qu’il va rejoindre l’autre hémisphère.

« Mais, les années se déroulant, je vois des extrémités du Ponant sortir de nouveaux Argonautes, de nouveaux Tiphys qui ouvrent la voie inconnue jusqu’à ce jour. Les uns, contournant l’Afrique, suivent la côte habitée par les nègres, jusqu’à ce qu’ils dépassent ce signe où entre le soleil quand il quitte le capricorne pour venir à nous.

« Ils découvrent la pointe de ce long continent