Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/78

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Griffon jette ensuite à terre deux chevaliers de Damas, Ermophile et Carmonde. Le premier conduit la milice du roi, le second est grand amiral de la mer. L’un est enlevé de selle au premier choc, l’autre est renversé par le poids de son destrier, qui ne peut soutenir la violence du coup que lui porte Griffon.

Le sire de Séleucie restait encore debout ; c’était le meilleur des huit chevaliers. Un bon destrier et des armes excellentes ajoutaient à sa propre force. Les deux adversaires dirigent leur lance à la visière du casque ; mais le coup porté par Griffon est plus vigoureux que celui du païen, auquel il fait perdre l’étrier du pied gauche.

Tous deux jettent les tronçons de leur lance, et reviennent l’un sur l’autre, pleins d’ardeur et les épées nues. Le païen est tout d’abord frappé par Griffon d’un coup qui aurait brisé des enclumes, et qui fend le fer et l’os d’un écu choisi entre mille. Si l’armure n’eût pas été double et de fine trempe, le même coup en tombant aurait traversé la cuisse.

Le chevalier de Séleucie frappe en même temps Griffon à la visière. Le coup fut si terrible, que le casque aurait été ouvert et rompu, s’il n’avait été, comme le reste de l’armure, fabriqué à l’aide d’enchantements. Le païen perd son temps à frapper, tellement les armes de Griffon sont partout de dure trempe. Aussi ce dernier a-t-il déjà rompu et brisé en bon nombre d’endroits l’armure de son adversaire, sans avoir perdu une maille.