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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 2.djvu/94

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fureur, il voit venir le long du fleuve quelqu’un qui apaise sa haine et calme sa colère. Je vous dirai dans un moment qui c’était. Mais, auparavant, j’ai à vous parler d’autre chose.

J’ai à vous parler de l’altière Discorde, à qui l’ange Michel avait ordonné d’exciter de fiers conflits et d’ardentes luttes entre les plus redoutables guerriers d’Agramant. Le même soir, elle avait quitté les moines, laissant la Fraude chargée d’entretenir parmi eux le feu de la guerre jusqu’à son retour.

Elle pensa qu’elle acquerrait encore plus de force, si elle emmenait l’Orgueil avec elle. Comme elle habitait la même demeure que lui, elle n’eut pas à le chercher longtemps. L’Orgueil la suivit, mais après avoir laissé son vicaire dans le cloître. Pensant n’être absent que quelques jours, il laissa l’Hypocrisie pour tenir sa place.

L’implacable Discorde se mit en chemin accompagnée de l’Orgueil. Elle rencontra la Jalousie sombre et préoccupée, qui suivait la même route pour se rendre au camp des Sarrasins. Avec elle, allait un petit nain que la belle Doralice envoyait vers le roi de Sarze pour lui donner de ses nouvelles.

Au moment où elle était tombée entre les mains de Mandricard, — je vous ai raconté où et comment,— elle avait envoyé secrètement le nain en porter la nouvelle au roi. Elle espérait qu’il ne l’apprendrait pas en vain, et qu’on le verrait accomplir mille prouesses pour l’arracher des mains de