Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/135

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deux adversaires, de sorte qu’on ne saurait dire encore lequel d’entre eux a l’avantage. Mais Roger lève aussitôt ce doute ; de son épée qui a déjà châtié tant d’ennemis, il porte un terrible coup de pointe juste à l’endroit que Mandricard a découvert en jetant son bouclier.

Il le frappe au côté gauche de la cuirasse, et trouve un chemin jusqu’au cœur, car le fer entre de plus d’une palme dans le flanc de Mandricard ; de sorte qu’il faut que celui-ci tombe et perde tout les droits qu’il pouvait avoir sur l’oiseau blanc et sur la fameuse épée, et qu’il perde aussi la vie, plus précieuse qu’épée et bouclier.

Le malheureux ne mourut pas sans vengeance. Au moment même où il était frappé, il levait son épée et il aurait fendu en deux la tête de Roger, si celui-ci ne lui avait enlevé une bonne partie de sa vigueur et de sa force par la blessure qu’il lui avait faite tout d’abord sous l’aisselle droite.

Roger fut frappé par Mandricard juste au moment où il lui arrachait la vie. Le coup fut encore assez fort pour fendre en deux la coiffe d’acier et le cercle de fer qui la surmontait. Durandal, taillant le casque et les os, entra de deux doigts dans la tête de Roger qui tomba à la renverse, baigné dans un ruisseau de sang.

Celui des deux qui tomba le premier à terre fut Roger ; l’autre, avant de tomber, resta encore un instant en selle, de sorte que tout d’abord chacun crut que Mandricard avait remporté le prix et l’honneur de la bataille. Sa Doralice qui partageait