Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/168

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vrai de tout point, et que tu en auras menti chaque fois que tu diras que j’ai manqué aux lois de la chevalerie.

« Mais je te prie instamment, avant que nous nous livrions au combat, d’écouter jusqu’au bout mes justes et vraies excuses, afin que tu ne m’adresses plus des reproches non mérités. Ensuite, j’entends que nous nous disputions Bayard à pied, seul à seul, en un lieu solitaire, comme tu l’as toi-même désiré. »

Le roi de Séricane était courtois, comme tout cœur magnanime l’est d’ordinaire. Il fut satisfait d’entendre la pleine justification du paladin. Il vint avec lui sur la rive du fleuve, et là, Renaud, simplement, lui raconta sa véridique histoire et prit tout le ciel à témoin.

Puis il fit appeler le fils de Bauves, lequel était parfaitement au courant de l’affaire. Celui-ci raconta de nouveau, en présence des deux champions, comment il avait usé d’un enchantement, sans en dire ni plus ni moins. Renaud reprit alors : « Ce que je t’ai prouvé par témoin, je veux t’en donner maintenant par les armes, et quand il te plaira, une preuve encore plus évidente. »

Le roi Gradasse qui ne voulait pas, pour une nouvelle querelle, abandonner. la première, accepta sans contester les excuses de Renaud, bien que doutant encore si elles étaient vraies ou fausses. Les deux adversaires ne fixèrent plus le lieu du combat sur le doux rivage de Barcelone,