Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 3.djvu/249

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pour que tu apprennes comment il faut rendre à Roland sa raison.

« Il est vrai qu’il te faut faire avec moi un nouveau voyage, et abandonner la terre. J’ai à te conduire dans le cercle de la Lune, qui est la planète la plus proche de nous. C’est là, en effet, que se trouve le remède qui peut rendre la sagesse à Roland. Dès que la lune brillera cette nuit sur notre tête, nous nous mettrons en chemin. »

L’entretien roula ce jour-là sur ce sujet et sur beaucoup d’autres. Mais quand le soleil se fut couché dans la mer, et que la lune eut montré au-dessus d’eux sa corne, on apprêta pour Astolphe et son compagnon un char qui servait à parcourir les cieux tout à l’entour. C’était celui qui avait enlevé Élie aux regards des mortels, dans les montagnes de la Judée.

Le saint Évangéliste y attela quatre destriers plus rouges que la flamme ; puis, s’étant assis avec Astolphe, il prit les rênes, et lança les coursiers vers le ciel. Le char, décrivant des cercles, s’éleva dans l’air, et ils parvinrent bientôt au milieu du feu éternel. Grâce à la présence du vieillard, ils le passèrent miraculeusement sans ressentir son ardeur.

Ils traversèrent toute la sphère du feu, et arrivèrent au royaume de la Lune. Toute cette région brillait comme l’acier qui n’aurait eu aucune souillure. Les voyageurs trouvèrent la lune égale, ou peu s’en fallait, au globe de la terre, y compris la mer qui l’entoure et la serre.