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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/102

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« Par Dieu, seigneur — dit-il — faisons la paix ; aussi bien je ne puis plus espérer que la victoire m’appartienne. Elle ne peut plus être à moi, et dès à présent je me déclare vaincu et pris par ta courtoisie. » Roger répondit : « Et moi, je ne désire pas moins la paix que toi ; mais convenons d’abord que les sept rois que tu tiens enchaînés seront mis en liberté, et que tu me les céderas. »

Et il lui montra les sept rois dont je vous ai parlé et qui étaient restés enchaînés et tête basse. Il ajouta qu’il lui demandait de ne pas s’opposer à ce qu’il prît avec eux le chemin de l’Afrique. C’est ainsi que ces rois furent remis en liberté, car non seulement le paladin consentit à la demande de Roger, mais il lui permit de choisir dans la flotte le navire qui lui conviendrait. Roger fit voile vers l’Afrique.

Après avoir levé l’ancre, il fit déployer la voile et se confia au vent perfide. Tout d’abord une brise favorable, gonflant les voiles, le pousse droit sur la bonne route, et remplit le nocher de courage. Le rivage fuit rapidement ; bientôt on n’en voit plus de traces, et la mer semble sans limite. Mais pendant la nuit le vent démasque sa perfidie et sa trahison.

Il souffle tantôt à la proue, tantôt à la poupe, tantôt aux flancs du navire, sans jamais suivre une direction constante. Le bâtiment tournoie sur lui-même et trompe tous les efforts du nocher ; son avant, son arrière, son bâbord et son tribord sont