Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/110

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poursuivre le combat. Il lui offre de la part de Roland de remettre entre ses mains toutes les cités qui sont entre le Nil et les colonnes d’Hercule, s’il veut croire au Fils de Marie.

« Je vous ai toujours aimé, et je vous aime beaucoup — lui dit-il — c’est pourquoi je vous donne ce conseil. Et puisque je l’ai moi-même suivi jadis, vous pouvez croire que je l’estime bon. J’ai reconnu que le Christ est le vrai Dieu, et que Mahomet est un fourbe ; et je désire vous voir suivre la même voie que celle que j’ai suivie. Je désire, seigneur, que vous marchiez avec moi dans la voie du salut, comme je le souhaite à tous ceux que j’aime.

« C’est là qu’est votre intérêt ; vous ne sauriez recevoir de meilleur conseil. Je ne saurais vous en donner surtout un plus sensé que celui de ne pas engager le combat avec le fils de Milon, car le gain que vous retireriez de la victoire ne serait pas en rapport avec le grand péril que vous affronteriez. Vainqueur, vous en retirerez fort peu d’avantages. Vaincu, vous ne perdrez pas peu.

« Quand bien même vous tueriez Roland et nous qui sommes venus ici pour mourir ou vaincre avec lui, je ne vois pas que vous puissiez pour cela en recouvrer les États que vous avez perdus. Vous devez bien penser que, dans le cas où les choses tourneraient mal pour nous, les hommes ne manquent pas à Charles pour garder jusqu’à la dernière tour de vos citadelles. »

Ainsi parlait Brandimart et il allait ajouter