Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/115

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Il y avait près de quarante ans que l’ermite s’était établi sur l’écueil. Le Sauveur lui avait indiqué ce lieu comme très favorable à une vie solitaire et sainte. Les fruits des divers arbres et l’eau pure avaient soutenu sa vie, et il était parvenu à sa quatre-vingtième année en se conservant valide et robuste, et sans avoir jamais été malade.

Rentré dans la cellule, le vieillard alluma le feu, et chargea sa table de fruits variés avec lesquels Roger restaura un peu ses forces, après avoir fait sécher ses vêtements et ses cheveux. Là il apprit plus commodément tous les grands mystères de notre Foi, et, le jour suivant, il fut baptisé avec l’eau pure du ruisseau, par le vieillard lui-même.

Roger se trouvait très satisfait de ce séjour, d’autant plus que le bon serviteur de Dieu lui avaif annoncé son intention de le renvoyer au bout de quelques jours là où il avait le plus grand désir d’aller. En attendant, il l’entretenait souvent de beaucoup de choses, tantôt du royaume de Dieu, tantôt de ses propres aventures, tantôt enfin de ses futurs descendants.

Le Seigneur, qui entend et qui voit tout, avait révélé au saint ermite que Roger, à partir du jour où il embrasserait la Foi, devait vivre sept années encore, et non davantage, et qu’à cause de la mort que sa dame avait donnée à Pinabel, mort qu’on lui attribuait, et aussi à cause du meurtre de Bertolas, il serait assassiné par les Mayençais impitoyables et malfaisants ;