Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/133

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

peut pour la consoler. Elle ne croit pas que Roger ait failli à ce point ; elle pense qu’il ne tardera pas à revenir auprès d’elle. Elle lui jure, s’il ne revient pas, qu’elle ne souffrira pas une si grave offense, et qu’elle se battra avec lui, ou lui fera observer sa promesse.

Par ces paroles, elle réussit à adoucir un peu la douleur de Bradamante qui, ayant quelqu’un pour s’épancher désormais, éprouve une angoisse moindre. Maintenant que nous avons vu Bradamante accuser dans son chagrin Roger de parjure, de cruauté et d’orgueil, voyons si son frère est plus heureux ; je veux parler de Renaud qui est brûlé jusqu’à la moelle des feux de l’amour.

Je veux parler de Renaud qui, comme vous le savez, aimait si passionnément la belle Angélique. C’était un enchantement, encore plus que la beauté de cette dernière, qui l’avait fait tomber ainsi dans les rets de l’amour. Les autres paladins vivaient en repos, depuis qu’ils étaient complètement débarrassés des Maures ; lui seul, parmi les vainqueurs, était resté captif de son amoureuse peine.

Il avait envoyé de côtés et d’autres plus de cent messagers pour s’enquérir de ce qu’elle était devenue ; lui-même l’avait cherchée longtemps. Enfin il était allé trouver Maugis qui l’aidait toujours dans les cas embarrassants. Le visage rouge de honte et les yeux baissés, il se décida à lui avouer son amour. Puis il le pria de lui enseigner où se trouvait Angélique si désirée par lui.