Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/146

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en profusion cette riante demeure, il y avait une fontaine qui répandait ses eaux fraîches et abondantes par une foule de petites rigoles. C’est là que les serviteurs avaient dressé les tables, droit au milieu de la cour. On l’apercevait des quatre portes du principal corps de bâtiment.

Élevée par un architecte instruit et habile, la fontaine avait la forme d’une galerie ou d’un pavillon octogone, recouvert de tous côtés par un plafond d’or tout parsemé d’émaux. Huit statues de marbre blanc soutenaient ce plafond avec leurs bras.

L’ingénieux architecte leur avait mis dans la main droite la corne d’Amalthée, d’où l’eau retombait, avec un agréable murmure, dans un vase d’albâtre. Tous ces pilastres, sculptés avec le plus grand art, représentaient de grandes femmes, différant d’habits et de visage, mais ayant toutes la même grâce et la même beauté.

Chacune d’elles reposait les pieds sur deux belles figures situées plus bas, et qui se tenaient la bouche ouverte, comme pour indiquer qu’elles prenaient plaisir à chanter et à jouer. Leur attitude semblait aussi indiquer que toute leur science, toute leur application était destinée a célébrer les louanges des belles dames qu’elles portaient sur leurs épaules.

Les statues inférieures tenaient à la main de longs et vastes rouleaux couverts d’écriture, où était inscrit, avec de grands éloges, le nom des plus illustres parmi les dames que représentaient