Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/152

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« Si tu désires savoir si ta femme est chaste — comme je crois que tu le penses et que tu dois le penser, car croire le contraire serait un tourment inutile si tu ne pouvais t’assurer de la vérité par des preuves — tu peux l’apprendre toi-même sans que personne ait à te le dire, en buvant dans ce vase. Je ne l’ai pas fait apporter sur cette table pour un autre motif que pour te montrer ce que je t’ai promis.

« Si tu y bois, tu verras se produire un effet surprenant. Si tu portes le cimier de Cornouailles, le vin se répandra entièrement sur ta poitrine, sans que tu puisses en faire entrer une gouttelette dans ta bouche. Si tu as une épouse fidèle, tu boiras tout. Or il t’appartient de connaître ton sort. » À ces mots, l’hôte s’apprête à regarder si le vin va se répandre sur la poitrine de Renaud.

Renaud, presque décidé à savoir ce qu’ensuite il sera peut-être très fâché d’avoir appris, avance la main et prend le vase. Il va pour tenter l’épreuve ; mais, sur le point d’y porter les lèvres, une pensée vient l’arrêter. Mais permettez, seigneur, que je me repose ; puis je vous dirai ce que le paladin répondit.