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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/181

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un marc d’or à cette dame pour la remercier de sa courtoisie. Le chien se secoue, et le marc d’or apparaît aussitôt. Adonio dit à la nourrice de le prendre, ajoutant : " Crois-tu que rien puisse payer un chien si beau et si utile ?

"Quoi que je lui demande, je ne reviens jamais les mains vides ; en se secouant, il fait tomber tantôt des perles, tantôt des bagues, tantôt des vêtements superbes et d’un grand prix. Cependant, dis à ta maîtresse qu’il sera à elle, non point pour de l’or, car l’or ne pourrait le payer ; mais, si elle veut me laisser coucher une nuit avec elle, elle aura le chien, et pourra en faire ce qu’elle voudra. "

« Tout en parlant ainsi, il lui donne une pierrerie que le chien vient de faire tomber pour qu’elle la présente à sa maîtresse. Le marché semble à la nourrice beaucoup plus avantageux que s’il fallait payer le chien dix ou vingt ducats. Elle retourne vers la dame, et lui fait la commission ; puîs elle l’engage à se contenter et à acheter le chien, car elle peut, dit-elle, l’avoir à un prix où l’on ne perd rien à donner.

« La belle Argia se fâche tout d’abord, soit qu’elle ne veuille pas manquer à sa foi, soit qu’elle ne croie pas possible tout ce qu’on vient de lui raconter. La nourrice recommence son récit ; elle la presse, elle l’ébranle ; elle lui insinue qu’une pareille occasion se présente bien rarement ; elle fait si bien que, le jour suivant, Argia consent à voir le chien, loin de tous les yeux.