Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/180

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blancs qu’hermine, agréable d’aspect et merveilleux de formes. Ainsi transformés, ils s’acheminèrent vers la demeure de la belle Argia.

« Le jeune homme s’arrêta aux premières cabanes de paysans qu’il rencontra, et commença à sonner d’un chalumeau, aux sons duquel le chien, se dressant sur ses pattes, se mit à danser. Le chant et la rumeur parvinrent jusqu’à la maîtresse du logis, et firent tant, qu’elle se dérangea pour voir ce que c’était. Elle fit alors venir le pèlerin dans la cour de son logis ; ainsi s’accomplissait la destinée du docteur.

« Là, Adonio se mit à commander au chien, et le chien à lui obéir : à danser les danses de notre pays et celles de pays étrangers, en exécutant des pas et en prenant des attitudes selon les ordres de son maître ; faisant, en un mot, avec des façons humaines, tout ce que ce dernier lui commandait, au grand ébahissement de ceux qui le regardaient les yeux grands ouverts et retenant leur respiration.

« Grandement émerveillée, la dame se sent bientôt prise d’un vif désir de posséder ce chien si gentil. Elle en fait, par sa nourrice, offrir au pèlerin un prix convenable : " Si ta maîtresse, — répond celui-ci, — possédait plus de trésors qu’il n’en faut pour assouvir la convoitise d’une femme, elle ne pourrait donner un prix capable de payer seulement une patte de mon chien. "

« Et pour lui montrer qu’il dit vrai, il amène la nourrice dans un coin, et dit au chien de donner