Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/19

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d’habitude. Elle semble avoir oublié complètement Olindre. Mais elle veut que les noces soient célébrées selon l’usage de son pays.

« Ce n’était qu’un prétexte, car l’usage dont elle parlait n’existait pas du tout dans son pays. Mais, dans sa pensée qui ne perdait jamais de vue le but qu’elle voulait atteindre, elle avait imaginé un mensonge à l’aide duquel elle avait l’espoir de donner la mort à son maître. Elle lui dit donc qu’elle veut que les noces aient lieu suivant la mode de son pays, et elle lui explique cette mode.

« La veuve qui prend un second mari — lui dit-elle — doit auparavant apaiser l’âme du mort que son mariage offense, en faisant célébrer des offices et des messes pour la rémission de ses péchés, dans l’église où ses restes sont ensevelis.

« A la fin du sacrifice divin, le nouvel époux remet l’anneau à l’épousée. Puis le prêtre, ayant fait apporter sur l’autel même du vin consacré à cet effet, le bénit en récitant certaines prières, le verse dans une coupe et le présente aux époux. Mais c’est l’épousée qui doit la première y tremper ses lèvres. »

« Tanacre, à qui il importe peu que ses noces se célèbrent conformément à cet usage, lui dit : « Pourvu que cela abrège les délais, j’y consens. » Le malheureux ne voit pas que c’est la vengeance du meurtre d’Olindre qu’il avance ainsi ; mais son esprit est tellement concentré sur une seule pensée, qu’il ne pense à pas autre chose.

« Drusille avait auprès d’elle une vieille qui