Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/191

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Renaud n’ayant été retenu par personne monta droit à Cagli. Il franchit l’Apennin en suivant les vallées du Métaure et du Gauno, de sorte qu’il n’eut plus cette chaîne de montagnes à sa droite. Il traversa les provinces d’Ombrie et d’Étrurie, et descendit à Rome. De Rome, il gagna Ostie ; de là, il se transporta par mer dans la ville à qui le pieux fils d’Anchise confia les os de son père.

Là, changeant de navire, il cingla en toute hâte vers l’île de Lampéduse, qui avait été choisie comme champ de combat et où la rencontre avait déjà eu lieu. Renaud presse le pilote et lui fait faire force de voiles et de rames. Mais les vents adverses, s’opposant à la marche du navire, le firent arriver un peu trop tard.

Il arriva comme le prince d’Anglante venait d’achever son entreprise utile et glorieuse, en donnant la mort à Gradasse et à Agramant. Mais sa victoire avait été rude et sanglante. Le fils de Monodant était mort, et Olivier gisait sur le sable, atteint d’une grave et dangereuse blessure au pied, dont il souffrait beaucoup.

Le comte ne put s’empêcher de pleurer, en embrassant Renaud, et en lui racontant la mort de Brandimart qui lui était si fidèle et si attaché ; les larmes vinrent également aux yeux de Renaud, quand il vit son ami, la tête fendue. Puis il alla embrasser Olivier, qui gisait le pied brisé.

Il les consola tous du mieux qu’il sut, bien que lui-même fût inconsolable d’être arrivé au banquet au moment où la table venait d’être levée. Les