Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/200

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Outre les messagers et les lettresqu’il lui envoya, Roland vint en personne pour l’emmener, lui proposant, si elle voulait revenir en France, de lui donner pour compagne Galerane, et de lui servir une riche pension ; si elle voulait retourner auprès de son père, il l’accompagnerait jusqu’à Lizza ; enfin, si elle avait l’intention de se consacrer à Dieu, il lui ferait bâtir un monastère.

Mais elle resta auprès du sépulcre, et là, consumée de regrets, priant jour et nuit, elle vit avant peu le fil de sa vie coupé par les Parques. Cependant les trois guerriers de France avaient quitté l’île où les Cyclopes avaient creusé leurs antiques cavernes, affligés et chagrins d’y avoir laissé leur quatrième compagnon.

Ils ne voulurent point partir sans emmener un médecin chargé de prendre soin d’Olivier dont la blessure, mal soignée dans le principe, était devenue très dangereuse. Le blessé poussait de tels gémissements, qu’ils avaient tous de grandes craintes à son sujet. Comme ils en parlaient entre eux, une idée vint au pilote qui la leur communiqua, et cette idée leur plut à tous.

Il leur dit que, non loin de là, sur un écueil solitaire, vivait un ermite auquel on n’avait jamais eu recours en vain, qu’il s’agît d’un conseil à demander ou d’un secours à recevoir ; que cet ermite accomplissait des actes surhumains ; qu’il rendait la lumière aux aveugles, la vie aux morts, arrêtait le vent d’un signe de croix, et apaisait la mer au plus fort de la tempête ;