Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/211

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deux rois, et de la prise de Sobrin. Il avait appris aussi la perte de Brandimart, ainsi que le retour de Roger. Il avait le cœur joyeux, et éprouvait un grand soulagement de sentir ses épaules allégées du grand poids qui les avait fait si longtemps ployer.

Pour faire honneur aux cinq guerriers, le meilleur appui du saint empire, Charles convoqua sur les bords de la Saône toute la noblesse du royaume, à la tête de laquelle il voulut les recevoir. Il sortit hors des murs, avec sa plus belle bannière, entouré de rois et de ducs, et accompagné de son épouse qui était escortée d’une suite nombreuse de belles et nobles damoiselles.

L’empereur aborda d’un air joyeux et ouvert les paladins, leurs amis et leurs parents. La noblesse et le peuple les comblèrent de marques de respect et de sympathie ; et l’on acclamait les noms de Montgraine et de Clermont. Après les premiers embrassements, Renaud, Roland et Olivier présentèrent Roger à leur maître.

Ils lui racontèrent qu’il était fils de Roger de Risa, et l’égal de son père par la vaillance. Nos escadrons connaissaient du reste sa force et son courage. En ce moment parurent Bradamante et Marphise, les deux nobles et belles compagnes. Marphise courut embrasser son frère Roger ; l’autre damoiselle l’aborda avec plus de retenue.

L’empereur fit remonter à cheval Roger qui en était descendu par respect, et le fit marcher à ses côtés, ne laissant échapper aucune occasion de