Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/210

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l’Atlas, tous les chevaux des Nubiens redevinrent en un instant des rochers, de sorte que l’armée dut s’en retourner comme elle était venue. Mais il est temps désormais qu’Astolphe passe en France. Dès qu’il eut pourvu à la sûreté des principales villes du pays maure, il fit déployer les ailes de l’hippogriffe.

D’un battement d’ailes il vola en Sardaigne ; de Sardaigne, il passa en Corse ; puis il plana sur la mer, appuyant légèrement à main gauche. Il arrêta enfin la course de sa légère monture sur les bords marécageux de la riche Provence, où il fit ce que le saint évangéliste lui avait recommandé au sujet de l’hippogriffe.

Le saint évangéliste lui avait ordonné, une fois arrivé en Provence, de ne plus lui faire sentir l’éperon, et de ne pas le soumettre plus longtemps à la selle et au frein, mais de lui donner la liberté. Déjà, depuis son retour du divin lieu qui s’enrichit de tout ce que nous perdons, Astolphe avait vu son cor perdre tous ses sons rauques, du moment où il avait quitté le paradis terrestre pour rentrer dans un air plus lourd, et devenir muet.

Astolphe vint à Marseille, juste le jour de l’arrivée de Roland, d’Olivier, du sire de Montauban, du brave Sobrin et du non moins brave Roger. Le souvenir de leur compagnon défunt empêchait les paladins de se réjouir de leur victoire comme ils auraient dû le faire.

Charles avait reçu, de Sicile, avis de la mort des