Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/224

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L’armée des Bulgares occupe Belgrade ; une partie est campée hors la ville, sur la colline dont le pied est baigné par le fleuve, et fait front aux troupes grecques. Les deux armées vont boire dans la Sarre. Au moment où Roger arriva, les Grecs s’apprêtaient à jeter un pont sur le fleuve, et les Bulgares se tenaient prêts à les en empêcher. Une escarmouche très vive était engagée entre les deux armées.

Les Grecs étaient quatre contre un, et avaient des bateaux et des ponts pour jeter sur la rivière. Ils avaient fait semblant de vouloir passer de force sur la rive gauche. Pendant ce temps, Léon, se dissimulant, avait remonté le fleuve, après avoir fait un grand détour, avait jeté des ponts à la hâte, et était passé sur l’autre rive.

À la tête d’une nombreuse troupe de gens à pied et à cheval — il n’en avait guère moins de vingt mille — il avait redescendu la rivière, et était tombé impétueusement sur le flanc des ennemis. Aussitôt que l’empereur voit paraître son fils sur la rive gauche du fleuve, il fait à son tour jeter des ponts et des bateaux, et passe de l’autre côté avec toute son armée.

Vatran, roi des Bulgares, guerrier prudent et courageux, s’efforce en vain de repousser une attaque si imprévue. Soudain, Léon, le saisissant dans sa robuste main, le fait tomber de cheval, et comme il ne veut pas se rendre prisonnier, il est tué de mille coups d’épée.

Jusque-là, les Bulgares avaient tenu tête à l’en-