Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/232

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Elle le fit reconnaître précisément par le chevalier qu’il avait forcé à fuir en toute hâte et qui, pendant la bataille, avait eu grand’peine à s’échapper de ses mains.

Ce dernier fit savoir à Ungiard que le guerrier qui avait mis en déroute les gens de Constantin, et qui les avait détruits pour de longues années, était dans la ville depuis le matin, et qu’il devait y passer la nuit. Il lui dit qu’il fallait saisir par les cheveux la Fortune qui lui permettait, sans peine et sans lutte, de rendre un grand service à son roi ; et qu’en faisant le chevalier prisonnier, il permettrait à Constantin de subjuguer les Bulgares.

Ungiard, par les fuyards qui s’étaient réfugiés dans la ville — et il en était arrivé une grande quantité, tous n’ayant pas pu passer sur les ponts — savait quel carnage il avait été fait de l’armée des Grecs qui avait été à moitié détruite, et comment un seul chevalier avait causé la déroute d’une des deux armées et le salut de l’autre.

Il s’étonne que ce chevalier soit venu donner lui-même de la tête dans ses filets, et sans qu’il ait eu la peine de lui donner la chasse. Il témoigne de sa satisfaction par son air, par ses gestes et par ses paroles joyeuses. Il attend que Roger soit endormi ; puis il envoie sans bruit des gens chargés de saisir dans son lit le brave chevalier qui n’avait aucun soupçon.

Roger, accusé par son propre écu, resta prisonnier dans la cité de Novengrade,aux mains d’Un-