Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/236

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sa cour, mais sur toutes les terres soumises à son empire. De là, la renommée répand la nouvelle par le monde entier.

Le ban impérial contient l’avis suivant : quiconque prétendra devenir l’époux de la fille d’Aymon devra lutter contre elle, l’épée à la main, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil. Ce délai passé, si l’adversaire de Bradamante n’a pas été vaincu, la dame se déclarera, sans plus de contestation, vaincue par lui, et ne pourra refuser de le prendre pour mari.

La dame accorde le choix des armes sans s’inquiéter de savoir quels seront ceux qui le réclameront. Elle pouvait en effet le faire sans danger, car elle maniait admirablement toutes les armes, soit à cheval, soit à pied. Aymon, qui ne peut ni ne veut s’opposer à la volonté royale, est enfin forcé de céder ; après avoir longtemps hésité, il retourne à la cour avec sa fille.

Bien que Béatrix éprouve encore un vif ressentiment contre sa fille, elle lui fait cependant, par orgueil, revêtir de riches et beaux vêtements, aux broderies et aux couleurs variées. Bradamante revient donc à la cour avec son père, mais, n’y retrouvant pas celui qu’elle aime, la cour est loin de lui paraître aussi belle qu’avant.

De même que celui qui, après avoir vu, en avril et en mai, un beau jardin tout resplendissant de feuillage et de fleurs, le revoit à l’époque où le soleil incline ses rayons vers le pôle austral et racourcit les jours, et le trouve désert, horrible