Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le faire avant qu’il ne lui ait accordé ce qu’elle demande. Ce que voyant, l’empereur ordonne qu’on aille chercher le prisonnier, et qu’on le remette aux mains de Théodora.

Pour ne pas la faire attendre, on va, le jour même, chercher le guerrier de la licorne, et on le remet sans plus de retard aux mains de la cruelle Théodora. Celle-ci estime que le faire écorcher vif, et le faire mourir publiquement au milieu des opprobres et des outrages, est une peine trop douce ; elle cherche un supplice plus nouveau et plus atroce.

En attendant, la cruelle femme le fait jeter, les mains, les pieds et le cou pris dans une lourde chaîne, au fond d’une tour obscure, où n’entrait jamais le moindre rayon de soleil. Elle lui fit donner pour toute nourriture un peu de pain moisi ; elle le laissa même pendant deux jours privé de tout aliment. Elle le donna à garder à des gens qui étaient encore plus disposés qu’elle à le maltraiter.

Ah ! si la belle et vaillante fille d’Aymon, si la magnanime Marphise avaient su que Roger était en prison, torturé de cette façon, l’une et l’autre auraient risqué leur vie pour le sauver. Pour voler à son secours, Bradamante aurait fait taire tout respect pour Béatrix et Aymon.

Cependant Charles, se rappelant la promesse qu’il a faite à Bradamante de ne pas lui laisser imposer un mari sans que celui-ci ait prouvé qu’il est supérieur en vaillance et en vigueur, fait annoncer sa volonté à son de trompe, non seulement à