Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/246

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Léon ne voulut pas entrer dans la ville. Il fit dresser ses tentes dans la campagne, et, le jour même, il fit prévenir par ambassade le roi de France de son arrivée. Le roi en témoigna sa satisfaction en lui faisant force présents, et en allant à plusieurs reprises lui rendre visite. Léon lui exposa le motif de sa venue, et le pria de hâter le combat.

Il le pria de faire descendre au plus tôt dans la lice la damoiselle qui ne voulait pas avoir un mari moins vigoureux qu’elle, car il était venu dans l’intention de la conquérir pour femme, ou de recevoir la mort de sa main. Charles y consentit, et décida que le combat aurait lieu le jour suivant, hors des portes de la ville, dans une enceinte que l’on prépara en toute hâte pendant la nuit, sous les remparts.

La nuit qui précéda le jour du combat fut pour Roger semblable à celle que passe un homme condamné à mourir le lendemain matin. Il avait choisi de combattre armé de toutes pièces, afin de ne pas être reconnu. Il ne voulut prendre ni lance, ni destrier, et se contenta de son épée pour toute arme offensive.

Il ne choisit pas la lance, non qu’il craignît la lance d’or qui avait appartenu d’abord à l’Argail, puis à Astolphe et que possédait actuellement Bradamante. C’était cette lance qui faisait vider les arçons à tous ceux qui en étaient touchés. Personne ne connaissait du reste ce pouvoir surnaturel ; on ignorait même qu’elle fût l’œuvre de