Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/249

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lent jour et nuit, que le brave Roger, en sûreté sous les armes que Vulcain donna jadis à Hector, ne ploie sous la tempête de haine et de colère qui fond sur ses flancs, sur sa poitrine, sur sa tête.

La damoiselle frappe de taille et d’estoc ; elle n’a d’autre préoccupation que de plonger son fer dans le sein de son adversaire, afin d’assouvir sa rage. Elle le tâte d’un côté et d’autre, tournant de çà, de là. Elle se plaint, elle s’irrite de voir qu’elle ne peut aboutir à rien.

De même que celui qui assiège une cité forte et bien pourvue de fossés et de murailles épaisses, redouble ses assauts, essaye tantôt d’enfoncer les portes, lantôt d’escalader les tours élevées, tantôt de combler les fossés, et voit ses gens tomber morts autour de lui sans qu’il puisse pénétrer dans la place ; ainsi, malgré tous ses efforts, la dame ne peut ouvrir une seuls pièce, une seule maille de son adversaire.

Mille étincelles jaillissent de l’écu, du casque, du haubert, sous les coups terribles qu’elle porte aux bras, à la tête, à la poitrine, plus rapides et plus pressés que la grêle qui rebondit sur les toits sonores des grandes cités. Roger se tient sur la défensive et détourne les coups avec beaucoup d’adresse, sans riposter jamais.

Tantôt il s’arrête, tantôt il bondit de côté ; tantôt il recule, se couvrant de son écu ou de son épée qu’il oppose sans cesse à l’épée de son ennemie. Il ne la frappe point, ou s’il la frappe, il a bien soin