Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/277

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s’ils avaient leur roi avec eux, ils étaient certains d’enlever l’empire grec à ce dernier.

Roger accepta le trône et consentit à leurs prières ; il promit de se rendre en Bulgarie dans trois mois au plus tard, si la Fortune n’avait pas autrement disposé de lui. Léon Auguste, ayant appris cette résolution, dit à Roger qu’il pouvait se fier à sa parole, et que, puisqu’il était roi des Bulgares, la paix était faite entre eux et Constantin.

Il n’aurait donc pas besoin de se hâter de quitter la France pour aller se mettre à la tête de ses troupes, car Léon s’engageait à faire renoncer son père à toutes les terres des Bulgares déjà conquises. Aucune des qualités qu’on admirait chez Roger n’avait pu émouvoir l’ambitieuse mère de Bradamante, et lui faire aimer le généreux chevalier ; il n’en fut pas de même quand elle l’entendit appeler du titre de roi.

Les noces furent splendides et royales, et comme il convenait à celui qui s’en était chargé. C’était Charles qui avait voulu en faire les apprêts, et il n’aurait pas mieux fait les choses, s’il eût marié sa propre fille. Les services de Bradamante étaient tels, sans compter ceux de toute sa famille, que l’empereur n’aurait pas cru faire trop s’il avait dépensé la moitié des trésors de son royaume.

Il fit publier dans tous les environs que chacun pouvait venir librement à sa cour, accordant toute sûreté pendant neuf jours francs à quiconque vou-