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Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/280

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à Ménélas qui l’emporta en Égypte, où il le céda au roi Prothée, en échange de sa femme que ce tyran retenait captive.

La dame, en échange de laquelle le pavillon fut cédé à Prothée, s’appelait Hélène. Le pavillon passa plus tard entre les mains de Ptolémée, pour arriver à Cléopâtre. Il fut enlevé à cette dernière avec d’autres richesses, par les gens d’Agrippa, dans la mer de Leucade. Puis il tomba entre les mains d’Auguste et de Tibère, et resta à Rome jusqu’à Constantin.

Je veux parler de ce Constantin dont la belle Italie aura à se plaindre tant que les cieux tourneront sur eux-mêmes. Constantin, lassé d’habiter les bords du Tibre, emporta le précieux pavillon à Byzance. Mélisse l’enleva à un autre Constantin. Les cordes étaient en or, et le mât en ivoire. Les parois étaient ornées de belles peintures, belles, comme jamais le pinceau d’Apelles n’en produisit.

Ici les Grâces aux vêtements légers, venaient en aide à une reine sur le point d’accoucher. Un enfant recevait le jour, si beau, qu’on n’en vit point un pareil du premier au quatrième siècle. On voyait Jupiter, l’éloquent Mercure, Vénus et Mars répandre à pleines mains sur son berceau les fleurs éthérées, l’ambroisie céleste et les célestes parfums.

Le nom d’Hippolyte était inscrit au-dessous en lettres minuscules. Plus loin, ce même enfant, parvenu à un âge plus avancé, était conduit par la Fortune, précédée de la Vertu. La peinture montrait une nouvelle troupe de gens aux longs