Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/281

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habits et aux longs cheveux, et qui étaient venus de la part de Corvin demander le tendre bambin à son père.

On voyait l’enfant prendre respectueusement congé d’Hercule et de sa mère Léonora, et arriver sur les bords du Danube, où les habitants accouraient pour le voir et l’adoraient comme un dieu. On voyait le sage roi des Hongrois admirer un savoir précoce dans un âge si tendre, et l’élever au-dessus de tous ses barons.

On le voyait remettre entre ses mains d’enfant le sceptre de Strigonie. Le jeune Hippolyte le suivait partout, dans le palais, comme sous la tente. Dans toutes les expéditions entreprises par ce roi puissant contre les Turcs ou les Allemands, Hippolyte était toujours à ses côtés, attentif aux moindres gestes de ce héros magnanime, et s’inspirant de ses vertus.

Là, on le voyait passer dans la discipline et l’étude la fleur de ses premières années. Il avait près de lui Fusco, chargé de lui expliquer le sens des chefs-d’œuvre de l’antiquité, et qui semblait lui dire : « Voici ce qu’il faut éviter, voici ce qu’il faut faire pour acquérir la gloire et l’immortalité, » tant on avait bien rendu les gestes des personnages qui y étaient peints.

Puis il allait s’asseoir, quoique bien jeune encore, au Vatican, en qualité de cardinal. Il y révélait son éloquence et son intelligence hors ligne. Autour de lui ce n’était qu’un cri : que sera-t-il dans l’âge mûr ? semblaient se dire entre eux ses