Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/284

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Ils prenaient plaisir à contempler tous ces beaux personnages aux formes élégantes, et à lire les inscriptions. Seule, Bradamante, instruite par Mélisse, se réjouissait en elle-même, car elle connaissait toute cette histoire.

Roger, bien qu’il fût moins avancé sous ce rapport que Bradamante, se rappelait cependant que, parmi ses descendants, Atlante lui avait souvent parlé de cet Hippolyte. Quel poème serait assez vaste pour qu’on pût y relater toutes les munificences dont Charles entoura ses hôtes ? Ce n’étaient que fêtes continuelles, jeux de toutes sortes, tables constamment chargées de mets délicats.

On put voir, à cette occasion, ceux qui étaient bons chevaliers, car, chaque jour, il se rompait plus de mille lances. On combattait à pied, à cheval, deux par deux ou en troupes plus ou moins nombreuses. Roger surpassait tout le monde en vaillance ; il joutait jour et nuit, et était toujours vainqueur. À la danse, comme aux luttes et à tous les autres jeux, il remportait sans cesse le prix à son grand honneur.

Le dernier jour, au moment où un banquet solennel venait de commencer, Charles ayant à sa gauche Roger et Bradamante à sa droite, on vit accourir du côté de la campagne un chevalier armé. Son armure et celle de son destrier étaient entièrement noires. Il était de haute stature, et s’avançait d’un air hautain.

C’était le roi d’Alger. Après la chute honteuse