Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/283

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

conseils dans la paix, tantôt déployer avec lui l’étendard portant les couleuvres. Il lui restait fidèle dans la bonne comme dans la mauvaise fortune. Il le suivait dans sa fuite, le réconfortant par ses paroles et l’aidant de son bras, à l’heure du péril.

Ailleurs, on le voyait consacrer ses hautes facultés au salut d’Alphonse et de Ferrare. À force de chercher, il découvrait et faisait voir à son frère, ce prince très juste, la trahison de ses plus proches parents. En cela, il héritait du titre que Rome, rendue libre, donna à Cicéron.

Plus loin, recouvert d’armures brillantes, il courait prêter son aide à l’Église ; à la tête d’un petit nombre de gens, il ne craignait pas d’affronter une armée aguerrie. Sa seule présence était d’un tel secours pour les troupes du pape, que le feu de la guerre était éteint, pour ainsi dire, avant d’avoir brûlé ; de sorte qu’il pouvait dire : Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu.

Plus loin enfin, sur le rivage natal, il résistait à la plus grande flotte que les Vénitiens eussent jamais équipée, même contre les Turcs et les Génois. Il la mettait en déroute, et rapportait à son frère un butin immense, ne gardant rien pour lui, si ce n’est l’honneur qu’on ne peut céder à d’autres.

Les dames et les chevaliers regardaient ces peintures sans en comprendre le sens, car ils n’avaient auprès d’eux personne pour les prévenir que toutes ces choses devaient arriver dans l’avenir.