Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/286

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qualité de traître, tu ne mérites pas d’être à la place d’honneur parmi ces chevaliers.

« Quoique ta félonie soit chose connue — et tu ne peux la nier puisque tu t’es fait chrétien, — je suis venu ici pour la prouver. Si tu as quelqu’un qui veuille combattre pour toi, je l’accepterai. Si un seul champion ne te paraît pas suffisant, j’accepte de combattre contre cinq ou six. Je maintiendrai, envers et contre eux tous, ce que je t’ai dit. »

À ces mots, Roger se leva, et, avec la permission de Charles, il lui répondit qu’il mentait et que personne n’avait le droit de l’appeler traître ; qu’il s’était toujours conduit loyalement envers son roi sans qu’on pût le blâmer en rien. Il ajouta qu’il était prêt à soutenir qu’il avait toujours fait son devoir.

Il n’avait besoin de solliciter l’aide de personne pour défendre sa propre cause, et il espérait lui montrer qu’il aurait assez, et peut-être trop, d’un adversaire. Renaud, Roland, le marquis, ses deux fils, aux armes blanches et noires, Dudon, Marphise s’étaient levés pour prendre, contre le fier païen, la défense de Roger ;

Prétendant qu’en sa qualité de nouveau marié, il ne devait pas troubler ses propres noces. Roger leur répondi t : « Tenez-vous tranquilles ; une pareille excuse serait honteuse pour moi. » Puis il se fait apporter les armes qu’il a enlevées au comte Tartare, et les endosse pièce par pièce. Le fameux Roland lui chausse les éperons, et Charles lui attache l’épée au flanc.