Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/41

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retour en Nubie, d’en frotter les.yeux du roi, qui serait ainsi guéri.

Il lui dit qu’en récompense de ce service et de tous ceux qu’il lui avait déjà rendus, le roi lui donnerait une armée avec laquelle il assiégerait Biserte. Puis le saint vieillard lui apprit de point en point comment il devait armer et conduire au combat ces peuples inexpérimentés, et comment il lui fallait s’y prendre pour traverser sans y périr les déserts où le sable aveugle les hommes.

Il le fit ensuite remonter sur le cheval ailé qui avait d’abord appartenu à Roger et à Atlante. Le paladin, après avoir pris congé de Saint-Jean, quitta ces contrées bénies. Il descendit le long du Nil jusqu’à ce qu’il revît le pays des Nubiens, et mit pied à terre dans la capitale de ce royaume, où il retrouva Sénapes.

Grande fut la joie que son retour causa à ce prince qui n’avait pas oublié le service qu’il lui avait rendu en le délivrant de l’obsession des Harpies. Mais, lorsqu’Astolphe eut chassé l’humeur qui lui interceptait la lumière du jour, et lui eut rendu la vue, il l’adora comme un Dieu sauveur.

Non seulement il accorda à Astolphe l’armée que celui-ci lui demanda pour attaquer le royaume de Biserte, mais il lui donna cent mille hommes de plus, et lui offrit encore l’aide de sa personne. L’armée, composée entièrement de fantassins, pouvait à peine tenir en rase campagne. Ce pays manque complètement de chevaux ; en revanche, il abonde en éléphants et en chameaux.