Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/5

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Perses et les Indiens ; toutes celles-là, et quelques autres encore, ne furent pas les seules à mériter par leurs armes une éternelle renommée.

Il y en a eu de fidèles, de chastes, de sages, de vaillantes, non seulement en Grèce et à Rome, mais partout, dans les Indes comme aux jardins des Hespérides où le soleil dénoue sa chevelure. Les hommages et les honneurs qu’elles s’étaient acquis sont tellement oubliés, que c’est à peine si on en nomme une sur mille ; et cela, parce que les écrivains de leur temps furent menteurs, jaloux et impitoyables pour elles.

Ô femmes désireuses de produire de belles œuvres, poursuivez imperturbablement votre chemin. Ne vous laissez point détourner de vos entreprises par la crainte de vous voir refuser les honneurs auxquels vous avez droit. De même qu’il n’y a pas de bonne chose qui dure toujours, les mauvaises ne sont point éternelles. Si, jusqu’ici, les œuvres des écrivains ne vous ont pas été favorables, elles le sont de nos jours.

Déjà Marullo et le Pontano ; les deux Strozzi, le père et le fils, avaient écrit en votre faveur. Aujourd’hui, vous avez pour vous le Bembo, le Capella, et celui qui a formé les courtisans sur son propre modèle ; vous avez un Luigi Alamanni, vous avez ses deux frères, également chers à Mars et aux Muses, tous deux issus du sang royal qui commande sur les bords qu’arrose le Mincio, et que de profonds marais enserrent.

L’un, outre que son propre instinct le porte à