Et si elles avaient pu elles-mêmes transmettre à la postérité le souvenir de leurs propres mérites, sans avoir besoin de mendier l’aide des écrivains au cœur rongé par la haine et l’envie, et qui, la plupart du temps, passent sous silence le bien qu’ils peuvent en dire, tout en publiant partout le mal qu’ils en savent, leur renommée aurait surgi plus éclatante peut-être que le fut jamais celle des hommes illustres.
Beaucoup d’écrivains ne se sont pas contentés de faire servir leurs œuvres à se glorifier les uns les autres ; ils se sont efforcés de faire ressortir tout ce que l’on pouvait avoir à reprocher aux femmes. Ne voulant pas être éclipsés par elles, ils faisaient tout leur possible pour les rabaisser. Je parle des écrivains de l’antiquité ; comme si la gloire des femmes devait obscurcir la leur, de même que le brouillard obscurcit le soleil..
Jamais, il est vrai, main ni langue, émettant des paroles ou burinant le vélin, — quelque effort qu’elle ait fait ou qu’elle fasse pour augmenter et propager le mal, et diminuer adroitement le bien, — n’eut et n’a le pouvoir d’étouffer tellement la gloire des femmes, qu’il n’en reste quelque chose. Mais cette gloire est loin d’avoir l’éclat qu’elle aurait eu sans cela.
Arpalice ; Tomyris ; celle qui secourut Turnus ; celle qui vint en aide à Hector ; celle qui, suivie des gens de Sidon et de Tyr, alla, longeant le rivage d’Afrique, s’établir en Lybie ; Zénobie ; celle qui sauva par ses victoires les Assyriens, les