Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/54

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l’on combattrait revêtu de la cuirasse et de la cotte de mailles, et armé de la hache et du poignard.

Soit hasard, soit prévoyance du sage et avisé Maugis, qui savait qu’aucune arme ne pouvait résister à Balisarde, on convint que les deux guerriers combattraient sans épée, ainsi que je viens de le dire. Quant au lieu du combat, on tomba d’accord sur une grande plaine près des murs de l’antique cité d’Arles.

À peine la vigilante Aurore eut-elle mis la tête hors de la demeure de Titon, pour annoncer le jour et l’heure fixés pour le combat, que des deux côtés s’avancèrent les hérauts d’armes chargés de dresser les tentes à égale distance des palissades, ainsi que deux autels.

Peu après, on vit sortir l’armée païenne, rangée en bataillons nombreux. Au milieu, somptueusement armé selon la mode barbaresque, s’avançait le roi d’Afrique. Il montait un coursier bai, à la noire crinière, au front blanc, et aux deux pieds de devant balsanés. Côte à côte avec lui, venait Roger, auquel l’altier Marsile n’avait pas dédaigné de servir d’écuyer.

Marchant à ses côtés, le roi Marsile portait le casque que Roger avait eu naguère tant de peine à arracher au roi de Tartarie, le casque célébré en de meilleurs chants que les miens, et que possédait, mille ans auparavant, le Troyen Hector. D’autres princes et d’autres barons s’étaient partagé le reste des armes dont devait se servir Roger, et qui étaient richement ornées de pierreries et d’or.