Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De son côté, Charles sortit de ses retranchements à la tête de ses gens d’armes, dans le même ordre et de la même façon que s’il était entouré de ses Pairs fameux, et Renaud marchait auprès de lui armé de toutes pièces, hormis le casque du roi Mambrin, que portait le paladin Ogier le Danois. Les deux haches d’armes étaient portées, l’une par le duc Naymes, l’autre par Salomon, roi de Bretagne. D’un côté Charles groupe tous les siens, de l’autre se tiennent ceux d’Afrique et d’Espagne ; entre les deux armées un grand espace est laissé libre pour les deux combattants, avec défense à tout autre d’y pénétrer sous peine de mort.

Après que le second choix des armes eut été remis au champion de l’armée païenne, deux ministres de l’une et l’autre religion sortirent des rangs, portant les livres saints. Dans celui porté par notre ministre, était écrite la vie sublime du Christ ; l’autre était l’Alcoran. L’Empereur s’avança, l’Évangile en mains, le roi Agramant avec l’autre livre.

Arrivé à l’autel que ses gens lui avaient dressé, Charles leva les mains au ciel et dit : « Ô Dieu, qui as consenti à mourir pour racheter nos âmes de la mort ; ô Dame, dont la vertu fut si précieuse, que Dieu voulut prendre de toi la forme humaine, et qui le portas neuf mois dans ton sein béni, sans avoir perdu la fleur virginale ;

« Soyez-moi témoins de la promesse que je fais pour moi et pour mes successeurs au roi Agramant et à ceux qui lui succéderont dans le gouvernement de ses États, de lui donner chaque année