Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/56

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vingt charges d’or pur si mon champion est aujourd’hui vaincu. Je promets en outre de conclure, à partir de ce moment, une trêve qui sera bientôt suivie d’une paix perpétuelle.

« Et si je manque à cela, que votre formidable colère à tous deux s’allume sur-le-champ, et se tourne contre moi seul et contre mes enfants, sans qu’aucun autre de ceux qui sont ici présents en soit atteint ; de sorte qu’on puisse voir ce qu’il en coûte de vous manquer de parole. » En parlant ainsi, Charles tenait la main sur l’Évangile, et les yeux fixés au ciel.

Puis Agramant se lève à son tour, et s’avance vers l’autel que les païens avaient richement orné. Là, il jure que non seulement il repassera la mer avec son armée, mais qu’il payera encore un tribut à Charles, si Roger est vaincu en ce jour. Il ajoute que la paix sera éternelle entre eux, ainsi que Charles vient de le dire.

De même que Charles, il invoque à haute voix le témoignage du grand Mahomet, sur le livre duquel il tient la main étendue, et promet d’observer tout ce qu’il vient de dire. Puis, chacun s’étant retiré dans son camp respectif, c’est au tour des deux champions à prêter serment, et voici dans quels termes il le font.

Roger promet que si son roi vient à troubler le combat, il ne consentira plus jamais à être son chevalier ni son baron, et se donnera tout entier à Charles. De son côté, Renaud jure que si son seigneur cherche à l’arrêter avant que lui ou Roger