Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/58

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CHANT XXXIX


Argument. — Mélisse, au moyen d’un enchantement, fait qu’Agramant viole le pacte juré. Les deux armées en viennent aux mains, et les Maures ont le dessous. — Astolphe accomplit des prouesses en Afrique, et y crée une flotte. Ses compagnons et lui s’emparent de Roland, et Astolphe lui rend la raison. — Agramant s’étant embarqué avec ses troupes, rencontre la flotte chrétienne qui l’attaque.

La peine de Roger est véritablement plus dure, plus acerbe, plus forte que toute autre. Elle le fait souffrir de corps et plus encore d’esprit. Placé entre deux morts, il ne peut éviter l’une ou l’autre. S’il est vaincu par Renaud, il périra de sa main ; s’il le terrasse, la mort lui viendra de son épouse. Il sait bien en effet que, s’il tue le frère de Bradamante, il encourra la haine de celle-ci, et c’est ce qu’il redoute plus que le trépas.

Renaud, qui n’a point de semblable arrière-pensée, fait tous ses efforts pour obtenir la victoire. Il brandit sa hache d’un air impétueux et terrible, et dirige ses coups tantôt sur les bras, tantôt sur la tête de son adversaire. Le brave Roger pare en faisant tournoyer sa hache. Il bondit de çà, de là, et quand il frappe, il a soin de choisir l’endroit où il fera le moins de mal possible à Renaud.