Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/64

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ville ; ses remparts avaient besoin de grandes réparations, et Bucifar seul pouvait mener à bien cette entreprise. Il aurait payé cher pour le racheter. Pendant qu’il y songeait, tout soucieux et tout chagrin, il se souvint que, depuis plusieurs mois déjà, il retenait prisonnier le paladin Dudon.

Le roi de Sarze l’avait fait prisonnier près du rivage de Monaco, lors de sa première expédition. Depuis ce temps, Dudon, qui avait pour père Ogier le Danois, était resté en captivité. Branzardo résolut de l’échanger contre le roi d’Algazer, et envoya un messager au capitaine des Nubiens, que ees espions lui avaient dit être Astolphe d’Angleterre.

Astolphe, en sa qualité de paladin, comprendrait qu’il était de son devoir de délivrer un paladin. En effet, aussitôt que le gentil duc apprit la nouvelle, il s’empressa d’acquiescer à la proposition du roi Branzardo ; Dudon, une fois délivré, combla le duc de remerciements, et se mit à sa disposition pour toutes les choses concernant la guerre, soit sur mer, soit sur terre.

Astolphe avait une armée immense, capable de conquérir sept royaumes comme celui d’Afrique. Se rappelant que le saint vieillard lui avait ordonné d’arracher la Provence et le rivage d’Aigues-Mortes des mains des Sarrasins qui s’en étaient emparés, il choisit, parmi ceux de ses soldats qui lui parurent le moins inaptes à la navigation, une nouvelle troupe aussi nombreuse que possible.

Puis, tenant ses deux mains pleines de feuilles