Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/7

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Il y a aussi Hercule, duc de Chartres, fils de mon duc ; déployant ses ailes comme le cygne harmonieux, il chante en volant, et fait retentir les cieux de votre renommée. Il y a mon seigneur de Guast, auquel il ne suffit pas d’entasser des exploits dignes d’illustrer mille Athènes et mille Rome, mais qui songe encore à vous immortaliser avec sa plume.

Outre ceux-là, et d’autres encore qui vous ont glorifiées et qui vous glorifient encore chaque jour, vous pouvez célébrer vous-mêmes votre propre gloire. Beaucoup d’entre vous, laissant de côté l’aiguille et le fuseau, sont allées et vont encore s’abreuver avec les Muses à la fontaine d’Aganippe. Elles en sont revenues tellement inspirées, que nous aurions beaucoup plus besoin de vous pour chanter nos exploits, que vous n’auriez besoin de nous pour chanter les vôtres.

Si je voulais les nommer toutes, et donner à chacune les éloges qu’elle mérite, il me faudrait écrire plus d’une page, et mon chant ne traiterait pas aujourd’hui d’autre chose. D’un autre côté, si je me bornais à faire seulement l’éloge de cinq ou six, je risquerais d’offenser et de mécontenter les autres. Que faire donc ? Faut-il me taire sur toutes, ou bien, sur un si grand nombre, faut-il en choisir une seule ?

J’en choisirai une, et je la choisirai si bien, elle sera tellement au-dessus de l’envie, que personne ne pourra me vouloir mal si je me tais sur les autres, et si je fais l’éloge de celle-là seule. Ce