Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/82

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par le fer, lui, qui était cause de leur perte, s’enfuyait sain et sauf.

Agramant fuyait, ayant avec lui Sobrin. Il se plaignait de n’avoir pas voulu le croire quand il avait prévu, avec le coup d’œil d’un devin, les malheurs qui étaient arrivés. Mais revenons au paladin Roland qui conseillait à Astolphe de détruire Biserte avant qu’elle fût secourue, de sorte qu’elle ne pût jamais plus guerroyer contre la France.

Le camp fut publiquement prévenu de se tenir prêt pour le troisième jour. En prévision d’une attaque, Astolphe avait conservé avec lui un grand nombre de navires, car il ne les avait pas tous donnés à Dudon. Il en donna le commandement à Sansonnet, aussi bon guerrier sur mer qu’en terre ferme. Celui-ci vint se poster en face de Biserte, à un mille environ du port, où il fit jeter l’ancre.

En vrais chrétiens, Astolphe et Roland, qui ne se lançaient jamais dans aucun péril sans avoir imploré Dieu, firent ordonner dans toute l’armée des prières publiques et des jeûnes. Ils firent prévenir qu’au troisième jour, au signal donné, chacun se tînt prêt à donner l’assaut à Biserte, qui, une fois prise, serait livrée au sac et à l’incendie.

En conséquence, après que les abstinences et les prières eurent été scrupuleusement observées, les parents, les amis, et ceux qui se connaissaient entre eux, commencèrent à s’inviter réciproquement. Quand ils eurent restauré leurs corps fatigués et épuisés par le jeûne, ils s’embrassèrent