Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/86

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tout ce qu’il rencontre, et fait mille prouesses. Soudain, l’échelle se brise sous le poids trop lourd qu’elle porte, et tous les assaillants, sauf Brandimart, retombent pêle-mêle dans les fossés.

L’audace du chevalier n’en est pas diminuée ; il ne songe nullement à reculer, bien qu’il ne se voie plus suivi par aucun des siens, et qu’il soit en butte à tous les efforts des assiégés. Plusieurs de ses soldats lui crient — mais il ne veut pas les écouter — de revenir sur ses pas. Il s’élance d’un bond dans la ville, du haut des remparts, de plus de trente brasses d’élévation.

Comme s’il fût tombé sur de la plume ou de la paille, il touche terra sans se faire aucun mal. Il frappe, il taille, il transperce tout ce qui est devant lui. Il se rue à droite et à gauche, et met ses adversaires en fuite. Ceux du dehors, qui l’ont vu sauter à l’intérieur des remparts, tremblent qu’il ne soit pas secouru à temps.

Une longue rumeur éclate dans tout le camp ; elle court de bouche en bouche ; elle s’élève comme un immense murmure. La nouvelle se répand de toutes parts ; chacun la raconte à sa façon en exagérant le danger. Sans arrêter un instant ses ailes rapides, elle arrive aux oreilles de Roland, du fils d’Othon et d’Olivier, occupés à livrer l’assaut sur plusieurs points différents.

Ces guerriers, et surtout Roland, qui aiment Brandimart, le tiennent en grande estime. Comprenant que, s’ils tardent à le secourir, ils auront à regretter la perte d’un si illustre compagnon