Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/87

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d’armes, ils saisissent les échelles et escaladent de tous côtés les remparts, avec un visage si fier, si altier, avec un air si résolu, si vaillant, que leurs regards font trembler les ennemis.

Lorsque, sur la mer qui frémit sous la tempête, les ondes assaillent le téméraire navire, et, dans leur rage dédaigneuse, cherchent à l’envahir tantôt par la proue,, tantôt par ses parties basses, le pâle nocher soupire, gémit, et, perdant la tête, ne sait plus ce qu’il doit faire pour éviter le danger. Une vague plus forte arrive enfin, pénètre dans le navire, et toutes les autres se précipitent derrière elle.

De même, une fois que les trois chevaliers se sont établis sur les remparts, le passage ouvert par eux est assez large pour que les assaillants, qui montent par mille échelles, puissent les suivre à couvert. Pendant ce temps, des brèches ont été pratiquées en plusieurs endroits, et l’on peut, de divers côtés, porter secours à l’audacieux Brandimart.

On sait avec quelle fureur l’orgueilleux roi des fleuves s’ouvre un âpre sentier dans les champs d’Ocnus, alors qu’il a rompu ses digues. Il entraîne les sillons fertiles et les récoltes ; il emporte des troupeaux entiers avec le berger et ses chiens, et les poissons se jouent entre les branches des ormes, là où les oiseaux seuls voltigent d’habitude.

C’est avec une fureur pareille, que la foule impétueuse des assiégeants se précipite le fer au poing, l’œil ardent, par toutes les brèches des remparts, pour livrer à la destruction la population si mal défendue. Les meurtres, les rapines, les violences