Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/88

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envers les personnes et les propriétés portent en un instant la ruine dans la riche et triomphante cité, naguère la reine de toute l’Afrique.

Les rues sont encombrées de morls ; le sang des innombrables blessés forme un marais plus profond et plus sinistre que celui qui entoure la cité de Dite. L’incendie, se propageant d’édifice en édifice, dévore les palais, les portiques et les mosquées. Les maisons vides et pillées retentissent de pleurs, de hurlements et de plaintes.

On voit les vainqueurs en sortir, chargés de butin ; les uns emportent de beaux vases et de riches vêtements, les autres ont dérobé l’argenterie consacrée aux Dieux. Ceux-ci entraînent les enfants, ceux-là les mères éplorées. Mille turpitudes, mille injustices sont commises, sans que Roland et le duc d’Angleterre qui en apprennent la plus grande partie, puissent les empêcher.

Bucifar d’Algazera succombe sous les coups du vaillant Olivier. Le roi Branzardo, ayant perdu tout espoir, se tue de sa propre main. Folvo, après avoir reçu trois blessures dont il devait mourir peu après, est fait prisonnier par le duc du Léopard. C’était à eux trois qu’Agramant, à son départ, avait confié la garde de ses États.

Cependant Agramant, qui a réussi à échapper au désastre de sa flotte et s’est enfui avec Sobrin, aperçoit de loin une immense flamme s’élever sur le rivage ; il pleure et s’apitoie sur le sort de Biserte. Mais quand il reçoit la nouvelle certaine de la destruction de sa ville, sa première pensée est