Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/98

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et il presse son destrier pour en avoir plus vite la certitude. Mais quand il est plus près, il reconnaît le roi des Nasamones, Bambiragues, Agricalte, Farurant, Manilard, Balastro et Rimedont, dans l’attitude de prisonniers, la tête basse et pleurant.

Roger, qui les aime, ne peut souffrir qu’ils restent plus longtemps dans l’état misérable où il les voit. Il sait qu’arrivant les mains vides, ses prières seront vaines, et qu’il n’obtiendra rien que par la force. Il abaisse sa lance et tombe sur les gardiens, donnant de sa valeur les preuves accoutumées. Il tire son épée, et en un moment il a jeté par terre autour de lui plus de cent ennemis.

Dudon entend la rumeur ; il voit l’horrible carnage que fait Roger ; mais il ne le reconnaît pas. Il voit les siens fuir en poussant des cris de terreur et d’angoisse. Il demande son destrier, son écu et son casque, car il avait déjà sur lui le reste de ses armes ; il saute à cheval, se fait donner sa lance, et se rappelant qu’il est paladin de France,

Il crie à chacun de se ranger de côté. Il presse son cheval, et lui fait sentir les éperons. Pendant ce temps, Roger a occis cent autres Nubiens et remis l’espoir dans le cœur des prisonniers. Quand il voit Dudon s’avancer seul à cheval, tandis que tous les autres sont à pied, il comprend qu’il est leur chef et leur maître, et, plein d’ardeur, il vient à sa rencontre.

Dudon s’élançait déjà ; mais quand il voit Roger venir sans lance, il jette la sienne loin de lui, dédaignant d’attaquer le chevalier avec un tel avan-