Page:L’Arioste - Roland furieux, trad. Reynard, 1880, volume 4.djvu/99

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tage. Roger, à cet acte de courtoisie, s’arrête, le regarde, et se dit : « Celui-ci est, sans aucun doute, un de ces guerriers accomplis qu’on appelle paladins de France.

« Si je puis lui parler, je veux qu’il me dise son nom avant d’aller plus loin. » Et le lui ayant demandé, il apprend que son adversaire est Dudon, fils d’Oggier le Danois. Dudon fait une demande semblable à Roger, qui lui répond avec la même courtoisie. Quand ils ont échangé leurs noms, ils se défient, et en arrivent aux mains.

Dudon a la masse d’armes en fer avec laquelle il s’est acquis une éternelle gloire dans mille entreprises. À la façon dont il s’en sert, il fait bien voir qu’il est de la race du Danois, célèbre par sa haute vaillance. Roger tirant l’épée à laquelle ne résistent ni casque ni cuirasse, et qui n’a pas sa supérieure au monde, montre au paladin Dudon qu’il l’égale en courage.

Mais il a toujours à l’esprit d’offenser sa dame le moins possible, et il sait que s’il répand le sang de ce nouvel adversaire, il l’offensera gravement. Instruit de tout ce qui touche aux maisons de France, il n’ignore pas que Dudon a eu pour mère Armeline, sœur de Béatrice, mère de Bradamante.

C’est pourquoi il ne le frappe jamais de la pointe ni du tranchant de son épée. Il pare les coups de la masse d’armes, tantôt en lui opposant Balisarde, tantôt en rompant. Turpin croit que Dudon n’aurait pas tardé à succomber sous les coups de Ro-