Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

123
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Ayant fait en pension une conférence sur la civilisation et la religion chinoises et ma mémoire fidèle m’ayant permis de la retenir, j’en ai retiré toute ma vie de grands bénéfices moraux.

Rien n’est plus aisé que de faire intervenir les Chinois dans une conversation. Ils s’y glissent et s’y installent en maîtres. Quelques phrases générales sur leur culte peu connu, leurs mœurs difficilement vérifiables m’ont toujours donné un grand prestige aux yeux de mes interlocuteurs. Je ne risquais que de me trouver en présence d’un érudit sans en être prévenue, et je mets au défi un homme érudit de ne pas porter son érudition inscrite dans sa chevelure et dans son accoutrement.

La plupart des hommes confondent l’intelligence avec les capacités spéciales, quand elles sont dans l’ordre des choses qu’ils aiment. Un amateur de musique trouve intelligente la femme qui lui joue avec art les morceaux qu’il préfère. Un homme de sport s’émerveillera de la supériorité d’une femme qui connaîtra par leur nom les pièces d’une automobile ou s’intéressera aux progrès des aéroplanes. Un gourmet verra dans l’art de faire des entremets la preuve de beaucoup d’esprit.