Aller au contenu

Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

128
L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Tu penses volontiers, parce qu’une ou deux vieilles dames ont donné, dans le salon de ta mère, leur opinion sur la couleur de ta robe, qu’une foule de gens s’occupent de ces débuts, que tu seras, lorsque tu pénétreras dans le salon rêvé, l’objet de l’attention universelle, la cause des murmures et des chuchotements, le but de toutes les curiosités.

Et voilà, après la minutieuse toilette, un peu de rouge mis en secret sur les lèvres, après l’entassement de toute la famille en voiture, après les dernières recommandations de ta mère t’interdisant de danser plusieurs fois avec le même jeune homme, après le froid du vestiaire, voilà quelle sera ta première déception.

Comme tu arriveras la dernière de ta famille, étant la plus jeune, la maîtresse de maison ayant épuisé la somme d’amabilité dont elle dispose ne laissera tomber pour toi, de son visage figé, qu’une réduction de sourire et tu sentiras que ton passage la laisse distraite et indifférente.

Quand tu pénétreras dans le fameux salon, dont les dimensions ne correspondront pas à ce que tu avais pensé, les curiosités que tu avais escomptées ne se produiront pas ; des jeunes gens viendront saluer tes sœurs et celles-ci négligeront de te les