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Page:L’Art de séduire les hommes, suivi de L’Amour et les poisons, 1915.djvu/136

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L’ART DE SÉDUIRE LES HOMMES

Mais au moment où, dans la solitude du buffet, tu participes le plus doucement à cette délicieuse vie de rêve, au moment où ton danseur te demande une fleur de ton corsage pour la conserver toujours et s’apprête à la cueillir, tu aperçois dans l’embrasure de la porte le visage de ton père tourné vers toi avec des yeux courroucés.

Hélas ! tu as oublié les recommandations maternelles. Tu t’es trop attardée au charme de ton premier flirt. Il te faut regagner précipitamment ta place avec l’anxiété que ce jeune homme, déjà élu de ton cœur, ne soit pris en grippe par les parents.

Aussi tu crois devoir te racheter en subissant une seconde leçon de valse à trois temps avec le vieux monsieur décoré, ami de ton père.

Jeune fille, je te connais trop pour douter un instant que le jeune homme n’ait eu la fleur qu’il sollicitait et que, malgré l’angoisse de la scène qui est suspendue sur ta tête, tu ne t’endormes, en rentrant, le soir, pleine d’une allégresse nouvelle.

Ta part aura été la meilleure dans cette soirée. Tu auras pu glisser, légère et enchantée, parmi des merveilles inconnues faites de toilettes, de lumières, de champagne, de paroles élogieuses. Tu as attribué aux couples que tu frôlais un bonheur